L’automatisation du contrôle qualité dans l’industrie optique : Entretien avec Dominique Bonnisseau, expert en optique et photonique

Oct 23, 2024 | Actualités

Pour en savoir plus sur la perception des solutions d’automatisation du contrôle qualité des pièces optiques, nous avons recueilli le point de vue de Dominique Bonnisseau, PhD expert reconnu sur les marchés de la photonique et de l’optique. Fort de son expérience dans le développement commercial de solutions high-tech et avec des connexions en Europe, au Canada, en Chine, en Corée et au Japon, il nous livre son analyse de l’innovation apportée par V-OPTICS.

 

V-OPTICS.  Pour commencer, pouvez-vous nous expliquer pourquoi la qualité de surface et la pureté des matériaux sont des aspects si critiques dans l’industrie des composants optiques ?

Dominique Bonnisseau. La qualité de surface et la pureté des matériaux sont essentielles car elles déterminent la performance des pièces optiques transparentes. Tout défaut de surface ou impureté interne peut perturber le trajet de la lumière, compromettant alors la fonction de l’élément optique. Cela est particulièrement critique pour des applications telles que les lentilles de précision, les dispositifs médicaux comme les implants intraoculaires ou encore les systèmes optiques utilisés dans l’industrie de haute technologie.

Le défi de la fabrication de ces pièces se situe à 2 niveaux. D’une part, il est nécessaire d’utiliser des matériaux purs. Mais, d’autre part, dans le processus de fabrication, les opérations de traitement comme le polissage ou l’ajout de couches antireflet peuvent générer des rayures, des craquelures, des trous et autres défauts. Il est essentiel de les identifier, de les mesurer et de les trier.

Depuis qu’il existe des binocles ou des lentilles, la problématique reste la même : il ne faut pas qu’il y ait de défauts qui déforment l’image.

 

V-O. Vous évoquez l’importance de la qualité des matériaux et des surfaces. Comment ces éléments sont-ils généralement contrôlés dans l’industrie aujourd’hui ?

D.B. La plupart des contrôles dans l’industrie optique sont encore réalisés manuellement, même dans les plus grandes entreprises. C’est une opération longue et minutieuse, qui repose sur l’expertise d’opérateurs formés. Ces experts jouent un rôle clé dans l’évaluation des pièces, mais cela prend du temps, implique une part de subjectivité et peut conduire à des erreurs humaines. Les contrôles manuels sont également coûteux, car il faut souvent plusieurs mois pour former ces opérateurs, sans compter la difficulté de maintenir une qualité constante.

C’est là que l’innovation de V-OPTICS change la donne. En automatisant ces processus, on apporte de l’objectivité et plus de précision, on accélère les temps de contrôle tout en garantissant une répétabilité.

 

V-O. L’industrie semble donc très dépendante de ces contrôles manuels. Quelles sont les principales résistances à l’automatisation que vous avez pu constater ?

 D.B. La réticence majeure réside dans un certain conservatisme de l’industrie optique et photonique. Beaucoup de fabricants me disent : « Cela fait 30 ans qu’on fait comme ça, pourquoi changer ? ». Ils préfèrent ne pas changer leurs méthodes éprouvées, même si elles sont chronophages. Il y a aussi une forme d’incrédulité. Les entreprises hésitent à croire qu’une solution automatisée puisse surpasser les méthodes traditionnelles. De plus, dans le passé, certaines tentatives d’automatisation ont échoué, soit parce que les systèmes étaient trop lents, trop cher, trop compliqués, soit parce qu’ils n’étaient pas assez précis ou fiables.

 

V-O. Pouvez-vous nous dire pourquoi vous pensez que la solution V-OPTICS peut réussir là où d’autres ont échoué ?

D.B. Ce qui diffère avec la technologie de V-OPTICS, c’est que la solution est accessible en termes de cout et d’intégration.  Elle est basée sur la déflectométrie à décalage de phase, une technologie optique simple, précise, fiable et robuste.

Le système est simple à mettre en œuvre et robuste pour s’intégrer dans environnements de production, ce qui n’est pas toujours le cas avec d’autres solutions de métrologie qui nécessitent des conditions délicates d’utilisation en laboratoire ou des réglages précis.

 

V-O. Vous avez évoqué la simplicité d’intégration de la solution dans les environnements de production. Pouvez-vous développer cet aspect ?

D.B. Absolument. L’un des grands avantages de la technologie V-OPTICS est sa simplicité de mise en œuvre. Contrairement à d’autres systèmes de mesure souvent complexes et nécessitant des environnements de type laboratoire, les solutions de V-OPTICS peuvent fonctionner directement dans les lignes de production.

Par ailleurs, l’utilisation des machines est beaucoup plus simple qu’avec d’autres technologies, comme l’interférométrie par exemple, qui nécessite un positionnement extrêmement précis des pièces à analyser et une grande précaution.

C’est ce qui m’a frappé dès la première démonstration à laquelle j’ai assisté chez V-OPTICS. L’opérateur peut placer l’échantillon à inspecter de manière relativement flexible et le système s’ajuste automatiquement pour compenser les légers écarts de positionnement. Cela facilite considérablement l’installation et l’utilisation dans un contexte industriel.

 

V-O. En quoi la solution de V-OPTICS pourrait-elle jouer un rôle dans l’évolution de l’industrie optique ?

D.B. L’industrie optique est encore largement dominée par des procédés manuels, mais il devient de plus en plus évident que l’automatisation est la clé de l’avenir. V-OPTICS a le potentiel de transformer ce secteur en permettant un contrôle qualité plus précis, plus fiable et plus rentable.

Un autre avantage de taille est la reproductibilité des résultats. Même s’il convient de de noter que, comme pour tout appareil de mesure, les résultats sont reproductibles dans la gamme de mesure. Cela permet de standardiser le contrôle qualité, un grand pas en avant dans une industrie où les normes sont complexes et dont l’application est complexe. À long terme, cela pourrait même contribuer à l’établissement de nouveaux standards dans le secteur.

 

V-O. Pour conclure, quelles sont les prochaines étapes pour que cette technologie soit adoptée plus largement ?

D.B. Je pense que la clé réside dans la démonstration continue de la fiabilité de la solution ainsi que dans les collaborations avec des leaders du marché.

Les entreprises sont souvent prudentes et conservatrices mais, dès qu’elles voient des résultats tangibles, elles sont plus enclines à adopter ces technologies. Quelques grands noms ont déjà validé la technologie, l’effet boule de neige jouera en faveur de son adoption.